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25 avril 2007

Les hommes au triangle rose, Heinz Heger.

Les_hommes_au_triangle_rose

Le 12 mars 1939, Heinz Heger, étudiant et homosexuel est arrêté par la Gestapo. Comme bien d’autres, il ne comprend pas jusqu’à ce que le SS le mène face à un gradé qui, après l’avoir laissé « mijoter » quelques secondes l’accuse en ces mots « Tu es un pédé, un homosexuel, avoue-le ! ». Bafoué en raison de ses préférences sexuelles, il se retrouve dans un convoi en direction du camp de Sachsenhausen en tant que concerné par le paragraphe 175. Ses compagnons de convoi le battent en le traitant de « pédé de merde ». Ils l’obligent à certains actes dégradants car eux sont normaux et que ce n’est pas comme ces « truies en chaleur. » Et l’enfer ne fait que commencer. Arrivé au camp, il est bien vite humilié par ce triangle rose « Le triangle rose était de deux à trois centimètres plus grand que les autres, car nous, les homos, mieux valait nous reconnaître de loin » écrit-il. Bien vite, il se « familiarise » avec le système d’organisation du camp, chaque bloc est placé sous tutelle d’un doyen responsable devant les chefs SS, appelé communément « personnalité », puis en dessous d’eux des « kapos » ou chefs de salles. Le travail est exténuant et humiliant, en hiver, les homosexuels sont condamnés à déplacer de la neige d’un côté à l’autre de la route jusqu’à la nuit, sans autre intérêt que de les rabaisser. Ensuite il y a aussi le travail éreintant dans les carrières, où on y meurt par centaines. Heinz comprend que pour survivre il doit se placer sous la protection d’un supérieur. Usant de sa jeunesse et de son charme, il est épargné et en contrepartie, il partage sa couche avec kapos ou personnalités. Mais il survit, et dans cet enfer, c’est la seule chose qui compte. Physiquement, il est donc préservé mais psychologiquement, il ne peut ignorer les tortures réservées à ses camarades de misère. Il décrit l’imagination intarissable des SS lorsqu’il s’agit de faire le Mal, et le plaisir qu’ils y prennent. Aucune humanité ne transparait. Ce sont des bêtes assoiffées de sang et jouissant de la souffrance des autres. C’est par milliers que sont tués les déportés, anonymes dans cette machine infernale engrenée par Hitler. Et une fois de plus on ne peut être insensible à de telles horreurs. Je pense notamment, à ce jour de Noël, décrit par l’auteur, où les SS avaient fait dresser un gigantesque sapin sur la place principale du camp, et pendu des corps humains mutilés, en obligeant les autres déportés à chanter « Mon beau sapin » en dessous.  Bien des années plus tard, le lecteur est encore secoué, nauséeux à travers ces mots crus et si vrais. Mais Heinz s’en sort. Il veut reprendre ses études et n’y parvient pas, brisé par ce qu’il a vu dans les camps, brisé par ce qu’il ne pourra jamais oublier, son attention est incapable de rester vive, il s’égare, il revoit, il revit, et il l’écrit. Un témoignage capital à n’en point douter.

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