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29 novembre 2006

La jeune fille à la perle, Peter Webber

Un article00097107 qui sera emprunt d’une grande émotion… Cet été, j’ai découvert le livre de Tracy Chevalier La jeune fille à la perle. Magnifique, œuvre dont on ne peut se détacher sans l’avoir terminée. Puis, quelques temps après, au fil de mes voyages, j’ai rencontré sur ma route une copie du célèbre tableau de Vermeer… Je me suis assise et je l’ai contemplé pendant plus d’une heure. Merveilleux.

            Avant-hier, grand moment, confortablement allongée sur mon canapé, lumières éteintes, les premières lueurs du film de Peter Webber… On s’attend toujours à être déçu après le livre, par le film. En effet, il manque les passages croustillants, le petit détail qui nous a plu… Bref, on sent comme un vide. Et là… merveilleux… Pas que le livre ait été retranscrit mot à mot, mais disons que le film a su ôter ce qui faisait du poids en trop. Plus d’histoires avec la sœur de Griet qui meurt, le frère parti ou encore la fin où l’on peut lire que Griet épouse le fils du boucher… Du coup, l’histoire est vraiment centrée sur Griet, cette jeunejkujkj et ravissante servante et son maître, le grand peintre et célébrissime Vermeer. Tout est implicite, Griet admire le travail de son maître et lui, lui permet de s’introduire dans son univers, celui-là même qu’il fermait à sa femme. La distance maître-servante se retranscrit au départ par des services qu’il lui demande mais très vite une toute autre relation s’établit entre eux. Griet semble être sa muse, il la regarde souvent faire le ménage de son atelier, lorsque celle-ci ne le voit pas et une avalanche de couleurs semble le submerger, il sait ce qu’il doit peindre. Pendant des heures, ils sont côte à côte, chacun fabriquant des copub15uleurs et un jour, la main du maître glisse jusqu’à frôler celle de Griet. Et on appelle la servante que l’on accuse d’avoir voler un peigne. La magie de l’instant est brisée. Griet se tourne vers son maître et lui murmure un « aidez-moi s’il vous plait, je n’ai rien fait. ». L’attitude de ce dernier change alors, il devient violent, « fait peur aux enfants », renverse les meubles, les torchons, tout, à la recherche de ce peigne qui discréditera la belle servante. Freud emploierait ici le terme de « pulsion », le « ça » et s’écrierait que cette attitude dénote une passion profonde que le peintre, durant un moment de faiblesse n’a pas réussi à contrôler. Les soirs suivant, lorsque la servante met la table dans sa chambre et celle de son épouse, il ne peut détacher le regard de Griet, même les interventions de sa femme restent vcolin_firth2aines. A un autre moment, alors qu’ils sont face à face dans l’atelier, Vermeer la contemple et lui demande de passer sa langue sur ses lèvres. Griet le fait à plusieurs reprises, et dans ses yeux à lui brûle une flamme. Pourtant il se lève et s’en va. Pour le tableau, Griet doit se percer les oreilles, mais n’en trouve le courage. Alors, je citerai Tracy Chevalier : 

« Il tendit la main vers le placard derrière lui, attrapa une boucle d’oreille et me la tendit.

« Je veux que vous fassiez cela vous-même. »

Je n’aurais pas cru que je pouvais avoir autant d’aplomb.

Lui non plus. Il parut étonné, ouvrit la bouche, mais il n’en sortit rien.

Il s’approcha de ma chaise. Mes mâchoires se contractèrent mais je parvins à garder la tête immobile. Il tendit la main et toucha doucement mon oreille. 

perlenohrringJe haletais comme si j’avais retenu ma respiration sous l’eau.

Il frotta le lobe enflé entre le pouce et l’index, puis il l’étira. De l’autre main, il glissa le fil métallique dans le trou et le poussa au travers. Une douleur brûlante me transperça, m’emplissant les yeux de larmes.

Il ne retira pas la main. Ses doigts effleurèrent mon cou et ma mâchoire. Il remonta le long de mon visage jusqu’à ma joue puis, de son pouce, il effaça mes pleurs. Il passa ensuite ce dernier sur ma lèvre inférieure. Je le léchai. Il était salé. Je fermai les yeux, il retira ses doigts. Quand je les rouvris, il était retourné à son chevalet et tenait sa palette. »

Ce passage n’est-il pas magnifique ? Vermeer a frôlé de ses doigts defilm génie une chose qu’il lui était inaccessible. Cependant, durant un court instant je me suis demandé s’il ne voyait pas en Griet qu’une simple muse… Le désir de caresser quelque chose de beau est naturel, de plus il est peintre, il saura apprécier la délicatesse des traits de sa servante… Mais cette impression n’a pas perduré. Lorsque Griet est renvoyée, il se trouve dans l’entrée, assis, elle, passe, le regarde, attend, il la regarde un bref instant et ne dit rien, détourne la tête. « Il a signé sa perte » comme Tracy Chevalier l’écrit. Griet s’en va. Il la regarde une dernière fois et de nouveau détourne son visage. On y lit qu’il voudrait se soulager par les larmes, la retenir, mais cela lui est impossible. La déclaration de cet amour, il ne la lui fait qu’une fois loin d’elle, en lui envoyant, dans la coiffe qu’elle se confectionnait lorsqu’il la peignait, les deux perles. Plus que de l’amour, une passion dévorante entre ces deux personnages, elle, si jeune, si innocente et lui, si dépendant, s’interdisant tout faux pas vis-à-vis de sa situation familiale. Un moment « envoûtant sur la corruption de l’innocence, l’histoire d’un cœur simple sacrifié au bûcher du génie. ».

gwape

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Commentaires
M
est effectivement un grand acteur...joli résumé et belle critique. Bravo.
J
C'est un excellent résumé! Le film, le livre tout est à savourer... mon copain fait un peu de peinture et il m'a reproduit ta première image... La chimie était définitivement au rendez-vous entre les 2 acteurs et moi, Colin Firth, depuis sa prestation dans Orgueils et Préjugés je rafole de lui! :-)
M
N'hésitez pas!!!
O
ça donne envie d'aller voir!
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