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6 mars 2011

L'homme de Kaboul, Cédric Bannel

 

kaboul

L'on m'a demandé de rédiger une chronique sur ce livre alors je le fais... Ah, ah, de quelle mauvaise foi ferais-je preuve ici si j'écrivais d'une manière aussi plate et vide de cœur! Mais je ne suis pas de mauvaise foi, bien au contraire: je suis très très enthousiaste et je tape ma foi fort facilement mes mains l'une contre l'autre pour applaudir! Vous devinerez le verdict: j'ai aimé!

Au départ j'ai manqué d'être sceptique. Premièrement parce que le format du livre m'avait l'air un peu encombrant, et qu'il n'était pas du genre que l'on peut discrètement glisser dans le sac à main et hop le ressortir à la moindre occasion (ou ne plus y penser, parce que justement, discret, il l'était trop). Secondement parce que quand je l'ai ouvert j'ai vu une carte de l'Afghanistan et je me suis dit: « Olala, ça va encore être une histoire politique avec des conflits auxquels mes connaissances ne me permettront pas d'accéder, parce que l'on a beau dire mais quand on lit 'Afghanistan', les images toutes faites ne tardent pas à venir d'elles-mêmes et elles ne renvoient pas forcément aux doux paysages que peut laisser suggérer la traduction de certains prénoms japonais... » Alors bon, ce premièrement et ce secondement me dérangeaient un peu parce que tout de même je m'étais engagée à lire le livre. Il faut que je vous dise cependant quelque chose: j'adore être engagée à lire quelque chose. Je veux dire, que ce soit au collège, au lycée, ou à la fac de Lettres, j'adore que l'on « m'oblige » à lire un livre, je ne sais pas pourquoi mais je ne peux m'empêcher de le savourer. Parfois je râle un peu, il est vrai, mais c'est toujours pour la forme, et le cœur n'y est pas... J'aime lire, ah ce que j'aime lire!

Mais revenons à nos moutons... Ce livre ne tient pas dans votre sac et encore moins dans votre poche? Parfait, vous ne l'en verrez que plus et vous ne pourrez pas dire « ah, benh c'est que je l'ai oublié dans un coin ». Il y a une carte au début? Et alors? On est bien gentil de vous la donner, et puis, si vraiment elle vous perturbe vous avez le droit de l'oublier, mais il n'est pas impossible que vous y retourniez de vous-même pour parcourir le pays avec ce cher Oussama Kandar. Vous avez peur des histoires politiques parce que...parce que quoi déjà? Ah oui, c'est compliqué...et puis parfois ça soulève des questions sur lesquelles on peut peiner à réfléchir assise à côté de femmes non voilées, d'hommes non armés, dans un tram neuf entouré de voitures non blindées roulant sur des routes goudronnées. Arguments recevables, je veux bien le concevoir, mais, mais... Il vous faut lire ce livre. Absolument. Et pour vous dire, dès l'instant où je l'ai commencé j'ai abandonné tout projet d'ouvrir les « Lettres » de Mme de Sévigné ou bien encore « Mélusine » de Jean d'Arras, ou encore « Le Premier homme » de Camus...et pourtant des pages cela en fait, mais tant pis, plus tard. De même j'ai arrêté l'heure du coucher fixée à 22h30 pour badiner avec l'heure de retour de Cendrillon, c'est pour vous dire...

Olala, je sens que le temps presse, je m'étais fixé un temps pour écrire cet article et voilà que... Ne m'en voulez pas, je déposerai donc mes idées un peu au fil de la plume, bon allez, du clavier... J'en reviens à vos (mes) inquiétudes concernant une politique mais aussi des mœurs, du vocabulaire qui pourraient nous dépasser. Et bien rassurez-vous, Cédric Bannel, nous a entendu avant même que l'on proteste. Et il nous explique tout, sans que pour autant on sente un air condescendant. Il nous explique et c'est agréable de ne pas avoir à se saisir de telle ou telle acceptation sur internet pour comprendre. C'est dit, alors on n'a plus qu'à savourer. Et puis il y a une histoire, que dis-je? deux histoires! , deux histoires qui tiennent en haleine, avec de vrais gentils, des méchants qui ne sont pas forcément ceux que l'on croit habituellement, et de faux méchants aussi, comme si Cédric Bannel nous disait d'arrêter avec nos idées reçues, et qu'il nous rappelait que la personne en tant qu'être humain n'est pas le groupe dans lequel elle se fond. Et puis il y a un aspect du livre qui m'a bien plu aussi, moi je suis une fille, et j'ai étudié (un peu) la question du féminisme dans certaines œuvres à la fac, alors je suis sensible à ce qui concerne les femmes, particulièrement, c'est comme ça. Et Malalai, la femme d'Oussama, elle me fait rêver, parce qu'elle défend la liberté des femmes, leurs droits, au péril de sa vie, et qu'elle croit en son combat dur comme fer. Malalai, elle est gynécologue, elle est l'une des rares femmes qui a pu conserver sa profession parce qu'elle n'a pas à être en contact avec les hommes. Puis Malalai elle a deux enfants qui ont quitté Kaboul, dont une fille qui vit au Canada et qui divorce. Et c'est fou de voir la différence de culture comme ça, sa fille divorce et elle, elle vit dans un pays où les femmes semblent n'être que de la marchandise. Parfois l'on se croirait dans un autre temps qui n'aurait rien à voir avec le contemporain, mais non, Cédric Bannel sait nous le rappeler, et comme je viens de terminer, je me réfèrerai à un passage vers la fin, lorsque l'on voit un jeune homme en train de mourir car il a le SIDA et que l'auteur nous explique les problèmes causés par la non acceptation des préservatifs (et de l'homosexualité).

En revanche, et je finirai sur cela, il ne faut pas que j'omette de vous dire que j'ai eu très peur. Non, non, attendez, pas la peur de devant un film qui fait peur justement, mais une peur du cœur, une peur qui fait que l'on craint de voir mourir un personnage auquel l'on s'est attaché. Si vous n'avez pas lu le livre, c'est le moment que je vous souhaite une bien belle journée, ou soirée et le bonjour, ou bonsoir chez vous... Si vous l'avez lu, poursuivons. Au début il y a Nick et Werner en Suisse, tous deux travaillent à l'Entité. Nick il n'est pas rassuré, Werner il est drôle: « On se croirait à Beyrtouth, dit Nick, tendu. C'est quoi cet endroit?  - L'envers du modèle suisse, mon pote ». Mais le problème, c'est que Werner, et bien Werner, il nous meurt entre les bras, comme ça, alors que l'on commençait tout juste à faire connaissance, et hop, nous lecteurs, on est quand même un peu perturbé. Après l'on est à Kaboul avec Kandar. Kandar il travaille avec deux personnes en particulier, deux bonhommes auxquels il tient sacrément. Et nous aussi du coup, puisque l'on adore Kandar. Mais ils meurent, tour à tour. Alors à partir de ce moment on commence à avoir peur, les deux amis d'Oussama morts puis ce choix aussi de deux histoires racontées en même temps... Pourquoi deux histoires avec un personnage central chacune? Pour qu'elles se rejoignent? Pour que l'une disparaisse? Lorsque le drone a Oussama en ligne je ne voyais pas comment il pouvait s'en sortir, mais vraiment pas. J'ai pensé laisser là le livre, mais non je n'ai pas pu, alors fébrilement j'ai fait quelque chose de pas très bien: j'ai tourné très vite toutes les pages du livre pour voir si je ne pouvais pas relire son nom par la suite. Mais horreur, je ne le voyais pas...argh mauvais yeux qui m'ont mal habituée à toujours sauter sur les bons mots...pas cette fois, ils m'ont laissée dans la crainte de voir périr mon cher « qomaandaan ». Mais non, Oussama, il est trop fort, et cette fois c'est Dieu qui l'a sauvé. En effet, quand le drone a lancé le missile, Oussama, avec son tapis s'était éloigné du véhicule pour prier... Je trouve cela trop beau, alors je terminerai sur ces mots !!

 

 

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