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24 décembre 2010

Commentaire comparé : "La Nouvelle machine" de Grisar et "Bonjour Amérique" de Sandburg

AppleCake"La Nouvelle machine" de l'allemand Grisar et "Bonjour Amérique" de l'américain d'origine suédoise Carl Sandburg ont été rédigés à seulement quatre ans d'intervalle, 1924 et 1928. Cette proximité peut expliquer leur ressemblance, sans doute accentuée par la forme choisie:  le poème. Liés par une thématique unissant l'Homme à la machine, ces deux textes peuvent être interrogés dans la perspective de cette relation. Face à l'image dépréciative de la machine telle que le début de l'industrialisation avait pu donner, Grisar et Sandburg en offrent une nouvelle vision, qu'elle soit une machine humanisée ou une machine rendue moins effrayante par des gros plans. Ainsi revalorisée une réelle conciliation entre elle et l'Homme devient envisageable à travers sa simple naissance ou ses multiples services. Mais ne s'agit-il pas aussi de dépasser cette image simpliste d'une machine suppléante pour la placer en tant que véritable unificatrice des différentes classes de la société? 


I.    Une nouvelle image de la machine

    1. N'est plus un monstre se nourrissant de l'homme

     Alors que l'industrialisation a pu être source de nombreuses critiques Erich Grisar et sa « Nouvelle machine », Carl Sandburg et son « Bonjour Amérique », tout deux écrivains du XXème siècle ont su montrer une image nouvelle de la machine, ne se nourrissant plus de l'Homme, n'étant plus ce monstre aspirant la vie d'êtres devenus anémiés. Peut-être que le nom de Grisar évoquera aussi son « Die fabrik », soit « L'usine » et l'on se souviendra de fait de l'image de l'usine comme d' un monstre à la gueule gigantesque se nourrissant d'énergie humaine. Mais ceci était l'ancienne machine nous dit Grisar, pas cette « nouvelle » dont il parle ici de manière si positive. Cette nouvelle machine qui a contrario est humanisée est omniprésente dans son poème. A trois reprises est écrit qu' « elle  marche ». Ce « elle marche », occupant un vers à lui seul signifie que la machine fonctionne, mais lorsque dans les vers  " C'est comme une marche dans la libre campagne / Et d'ailleurs c'est une marche", cet acte de fonctionner, de marcher, cet acte substantivé prend un autre sens. La syllepse ouvre place à une humanisation réelle dans cette manière de déplacement propre à l'homme. Mais aussi l'on peut lire plus loin dans le texte que cette machine est d'abord née "être à sa naissance", comme quelque chose de vivant, comme un « être » nous dit-il encore: « Quelqu'un sensible à cet être ». Même ses « pistons brillants halètent ». Même la place de l'homme en tant que « maître », « Vibre la voix du maître / Attente pour lui aussi. » paraît comme un réel apprivoisement de cette machine qui ne fait plus peur.
Si Grisar renverse la vision de perspective de la machine, passant du monstre à l'être vivant, Sandburg pour sa part ne va cependant pas jusqu'à l'humanisation. En effet les seules traces d'une possible humanité de la machine résident en deux vers " les moteurs qui [...] crient", "la chanson geignarde de l'hélice dans le ciel", avec le verbe « crier » et l'adjectif « geignarde » qui sont normalement attribués à des comportements humains. Mais la machine n'est pas non plus perçue négativement chez le poète, seulement sa stratégie pour la rendre moins effrayante est différente de son contemporain. Là où Grisar assistait à sa naissance, Sandburg semble travailler sur un gros plan, un peu à l'image de la peinture de Picabia « Machines tournez vite »; ainsi la machine décomposée en  « Embrayages, freins et essieux, /  Engrenages, allumages, accélérateurs, / Manettes et suspensions et amortisseurs ». Ainsi les parties isolées sont rendues moins impressionnantes qu'une énorme machine dominant l'homme. Sandburg traite donc d'une machine vue par son utilité pour l'homme.

     2. L' «éloge » de la machine

     Que ce soit chez Grisar ou chez Sandburg la machine devient moins inquiétante, moins imposante. Bien qu'il ne soit question exclusivement de la machine sur seulement vingt vers des soixante-cinq de Grisar, on peut tout de même y lire un véritable éloge de « la grande machine ». Son apparence n'est plus sale, elle a  "les roues brillantes" et "les pistons brillants" de concert. Et le plus important, elle est active pour aider l'homme comme en témoigne la suite de verbes de la quatrième strophe, elle "délie, prend les fardeaux, élève, éveille, rend joyeuses nos corvées, donne sens à notre être...". La machine n'est pas seulement un instrument, elle est une « œuvre », œuvre peut-être car complexe, constituée "minutieusement [l'assemblage de] la centaine de pièces" faisant sa qualité. Et devant tant de finesse il paraît naturel que « tous les yeux brillent ». Quant à Sandburg l'éloge de la machine n'est pas direct; seul un tiers du poème n'a pas trait à l'homme directement, et de fait la machine ne semble que devoir se contenter du second plan, derrière l'homme. Toute apologie de la machine se trouve en effet toujours reliée à celui à qui elle sert et celui qu'elle sert. Sont louées sa force surhumaine "Les arbres s'affaissent vers nos outils", sa précision "Nous taillons le bois à la forme voulue" et particulièrement sa vitesse que nous détaillerons par la suite. Alors que dans les critiques de la machine revenait souvent son vacarme assourdissant, ici son bruit devient rassurant avec "le vrombissement du camion sur la route". Il apparaît donc que chez Grisar la machine était, en elle-même digne d'éloge, alors que chez Sandburg elle l'est seulement grâce à l'homme qui la maîtrise "nous sommes les maîtres (X6) "nous maîtrisons" (X2). En conclusion, pour lui les hommes font, la machine aide, rendant plus exact , plus rapide et moins difficile le travail. Une fois de plus chaque chose vient de l'homme, "de nous", "nous qui savons", la machine suit et la machine est toujours associée à ceux qui l'ont créée comme en témoignent les déterminants possessifs « nos outils, nos mains ».

    3. Mais des restes d'une industrialisation déshumanisante

    Il est opportun de se questionner cependant, dans des textes où triomphe une vision positive de la nouvelle machine, sur l'emploi de mots ne s'inscrivant pas dans ce sens. Grisar, qui écrit sur « La nouvelle machine », comme l'indique le nom du poème ne répond pas à ce questionnement. En effet, comme nous l'avons déjà signalé, cette machine étant nouvelle elle se pose en contraire à la machine ancienne qui exploitait l'homme, donc elle est censée s'illustrer par ses points positifs. En revanche chez Sandburg on remarque, alors que sa poésie est plutôt réputée pour son utilisation des mots du quotidien, un élément pouvant sembler ésotérique dans les deux derniers vers.  En effet, alors que la vitesse est au centre de tout le poème où elle est véritablement louée, le poème s'achève sur « Nous sommes les maîtres; blâmez-nous / les maîtres de la vitesse ». Alors, éloge de cette vitesse et donc de l'Homme l'ayant permise indirectement, ou blâme de ce même Homme? Peut-être peut on se souvenir de toute cette poésie qui regrettait que l'industrialisation ne laissait plus le temps...de prendre son temps justement, comme l'écrivait le poète française Alfred de Vigny par exemple dans « La Maison du berger » en 1842. Ainsi cette vitesse admirée pour son efficacité est peut-être à relativiser quant à la déshumanisation qu'elle peut aussi engendrer... Mais retenons principalement de ces deux poèmes leur vision méliorative.

II. La conciliation entre l'homme et la machine

    1. La machine naissant de l'homme...

        Cette nouvelle image de la machine décrite semble au fil de nos deux textes naître d'un rapport beaucoup plus personnel, quasi anthropomorphique parfois même chez Grisar, entretenu entre elle et l'homme. Nous avons étudié dans l'écriture de Grisar une humanisation de la machine. Cet aspect peut-être étayé par la description d'une machine naissant de l'homme, ce "être à sa naissance" que nous avons déjà relevé. Dès les premiers vers l'on a ce « Contact! » puis l'attente frémissante de son premier signe de « vie » pourrons nous dire, et enfin le « à présent une secousse ». Cette machine née de l'homme est construite par lui "construire la machine", et dans la cinquième strophe on en voit les étapes, simplement nommées, passant de l'ébauche des plans à leur exécution. Il peut être intéressant de noter que Grisar écrit « Nous vivons en elle », insistant sur une machine qui serait née de chacun d'entre eux, comme un enfant ayant dans son phénotype celui de ses parents. La machine elle, n'a pas deux parents mais est un « tout [qui] n'est produit que par l'union des mains".
Cette union des mains nous permet de glisser sur le poème de Sandburg où l'on peut lire tous les éléments de technique « ven[ant] de leurs [mains], à [eux] » ainsi que chaque outil, détail technique « ven[ant] d’[eux] ». Si Grisar différenciait les ingénieurs des dessinateurs et des ajusteurs, Sandburg les unit en une totalité globalisante ayant donné naissance à la machine.  "Nous, les hauts concepteurs et les nourrisseurs automatiques, / Nous, avec notre tête, / Nous, avec nos mains".

    2. …dans la difficulté...

     Mais cette naissance ne s'est pas faite sans peine, Grisar insiste sur le considérable travail l'ayant précédé. On croise tout NatureMachineau long du texte un réelle isotopie de la difficulté à travers une longue durée « La grande machine/ Sur laquelle nous avons travaillé si longtemps », née de « mois d’efforts sans fin » mais aussi à travers l'éreintement humain "car chaque machine, créée dans la sueur / des mains sans repos",  «  Et chaque soir sortir après des efforts douloureux ». A travers le vers de la quatrième strophe « Oubliés la faim, les chicanes et le besoin » se poursuit cette difficulté qui, malgré le sens du participe passé, n'est pas élidée, bien au contraire, ces termes apparaissent comme mis en incise. Temps, fatigue mais aussi nombre, Grisar est sensible aux nombreux hommes y aillant travaillé « (un d'entre) beaucoup ».
Sandburg ne dépeint pas la difficulté due à l'effort mais celle d'un travail répété. Le point central est cette lascivité face à un travail qui ne change pas. « La litanie silencieuse des ouvriers continue » semble apparaître comme un leitmotiv redit mot pour mot à seulement cinq vers d'intervalle et cela dès la première strophe. Répétition du travail mais aussi répétition du vers, là où la forme rejoint le sens... Trois vers avant la fin il est question d'un « long chemin », à première vue il s'inscrit comme le double miroir antithétique du « vol court » , « court » répondant à « long » et «vol » au « chemin » terrestre. Il est cependant possible d'interpréter un peu plus librement ce relevé, en l'inscrivant dans le cadre de la difficulté, en effet exclu d'un contexte immédiat, parler d'un « long chemin » est bien souvent une métaphore des obstacles pouvant ralentir la concrétisation d'un projet.

3. ...le récompense...

    Et comme si la machine s'en était « voulue » d'avoir causé tant de tourments à ses créateurs, sont décrites clairement, que ce soit chez Grisar ou Sandburg les « récompenses » qu'elle leur offre. Chez Grisar elle se propose comme soutien voire parfois véritable suppléante. Ainsi lorsqu'elle fonctionne pour la première fois on peut lire une sincère marque de soulagement à travers la « Détente sur tous les visages ». Rien que sa naissance  « Apporte du changement dans la monotonie des jours / Rend joyeuses nos corvées, / Donne sens à notre être ». Puis, comme nous l'avions déjà soulevé dans l'éloge de la machine, c'est par une véritable suite d'actions qu'elle allège le poids reposant sur les épaules d'un homme libéré: elle « Délie les mains de la bâche, / Délie les pauvres du travail, / Prend les fardeaux au dos des hommes haletants / Élève les yeux aveuglés. / Éveille les hommes.". De même, lorsque l'on lit à quatre reprises le « Ruck, tuck, tuck, tuck », ce « même rythme agité» n’est plus celui d’un homme répétant invariablement un même travail mais celui de la machine le remplaçant dans cette répétition, cette agitation semble presque enthousiaste.
Les machines de Sandburg quant à elles sont une récompense par l'augmentation de la vitesse de travail dont les dérivations de lexique parsèment le texte:  "nous sommes les maîtres de la vitesse" avec le substantif "vitesse" répété par trois fois et  accentué par sa position en fin de vers. L'adverbe « vite » quant à lui semble comme scandé, il est repris à six fois, toujours doublé, et l'insistance, en plus d'être traduite par la répétition l'est aussi par la graphie, en effet les « vite vite » sont toujours précédés d'un tiret central, et l'on en  rencontre une paire au centre de la première strophe « Vite, vite. » occupant un vers à elle seule, autonomie encore plus gagnée par le point qui la clôture. La machine se fait donc outil de travail démultipliant la rapidité des actions entreprises, mais pas réellement compagnon comme cela semblait être le cas avec Grisar. En résumé l'homme reste le maître, la machine se pose comme instrument lui permettant de tout contrôler, que ce soit le ciel, la terre ou l'eau «l'hélice dans le ciel », « le camion sur la route », « les turbines traversant le Grand Lac » comme si la machine donnait à l'homme une sensation de toute puissance.

III. La machine unissant les hommes

1.    Naissance de la machine grâce à la coopération: un travail collectif

     Nous avons donc réfléchi au premier pas menant à une nouvelle considération  de la machine résidant dans une conciliation entre elle et l'homme. Mais l'on peut porter plus loin cette réflexion en accroissant le rôle de la machine, à travers une machine qui unirait les hommes.  Dans un premier temps décrivons la naissance de la machine grâce à la coopération, un travail collectif. La relation antithétique entre l'un et le multiple chez Grisar est omniprésente, le « nom d'un seul » est effacé face par la multitude. Par la suite il est question d'un travail réunissant chaque concepteur de chaque étape qui nécessite une coordination. Alors que de la pensée à la concrétisation avec les « ingénieurs, dessinateurs, ajusteurs, grutiers » la distinction entre les concepteurs se trouvait illustrée dans leurs appellations, on la voit ensuite noyée dans l'unité, unité non pas comme un seul être « Quelqu'un […] a gravé son nom dans une traverse », mais comme un seul corps, d'où un détachement certain du pronom de la quatrième personne « nous » sur le texte.  Ce pronom personnel récurrent et pluriel apparait à quatre reprises et est mis en incise par le changement graphique de l'italique dans la dernière strophe « Nous avons créé cette œuvre / Nous vivons en elle ». Ce travail collectif s'observe aussi à travers le déterminant « tous » dans « sur tous les visages ». Les trois vers « Et malheur à ceux / Qui l'oublient; / Car aucun individu ne vit sans le tout » étayent notre étude antithétique de l'un effacé par le multiple. En effet ils apparaissent comme une sentence adressée à ceux qui oublieraient l'importance d'un travail de coordination et non celui d'un seul. En conclusion Grisar fait de ce travail de longue haleine aboutissant à la construction de chaque machine une véritable « leçon d'humanité », notamment à travers sa dernière phrase pouvant être lue comme un élargissement sur le monde, comme un détachement de la machine « l'union des mains bénit l'humanité », après que la machine l'ait poussé sur cette voie en « éveill[ant]  les hommes qui un jour libèreront le monde ».
La récurrence du « nous » chez Sandburg est encore plus flagrante que chez Grisar où il apparaît douze fois! Le « nous » anaphorique, réellement répétitif, introduit six vers de suite, comme si cela était clamé, il est à noter que cette situation en exergue donne la priorité une fois de plus à l'homme et non à la machine. En revanche, à la différence de Grisar  il n'y a pas d'opposition par rapport à un seul homme. La machine comme naissant d'un travail collectif se donne même à voir dans la diversité des travaux, qu'importe qu'il y ait ceux  qui sont dans le ciel, sur la route, sur l'eau, tous sont réunis par la vitesse permise par la ou les machines.

2.    Un vocabulaire technique commun à tous

    Le texte de Grisar contient les mots « levier, pistons brillants, roues, une traverse » alors que celui de Sandburg est beaucoup plus abondant dans le vocabulaire technique qui foisonne réellement et dont il est question dans sept vers quasi complets sur les vingt sept du poème. Dès le troisième vers l'on peut voir trois triades « Embrayages, freins et essieux,  / Engrenages, allumages, accélérateurs,  / Manettes et suspensions et amortisseurs » puis « Essieux, embrayages, leviers, mécanismes » et enfin « hélice », « turbines », « écrou », « boulon », « barre », « vis »... Alors que les hommes étaient un tout, les machines sont prises dans leurs détails. Pourquoi remarquer ce vocabulaire alors que l'on s'interroge sur une machine unissant les hommes?  Que ce soit celui qui a dessiné une pièce, celui qui l'a créée ou celui qui s'en est servi, cette pièce portera toujours le même nom, et ce nom, ce vocabulaire technique admis par tous peut être en faveur d'une perspective d'effacement des classes, donc d'une union à une échelle encore plus grande.

    3. La machine comme source d'inspiration littéraire

    Le vocabulaire technique nommant les détails de la machine contribue donc à l'union des hommes qui sont en relation avec elle. Mais la machine unit aussi les travailleurs à ceux qui la dépeignent. Souvenons nous de Sandburg et ses nombreux voyages où il récitait des poésies en bleu de travail par exemple. La machine peut de fait être vue comme source d'inspiration poétique. Grisar, blessé durant la première guerre mondiale s'est dirigé vers l'écriture et de son expérience dans les usines, les aciéries il a composé de la poésie ouvrière dont nous avons ici un extrait. Reprenons chez lui la sorte de morale ou maxime, digne des grands écrits classiques en fin de texte. On peut y lire comme une imitation d'une issue Classique ouvrant sur un thème haut traitant de l'humanité. Seulement, et comme nous l'avons déjà soulevé lors de notre réflexion sur le travail collectif, cette humanité, définie dans les dictionnaires comme « constituant un tout, un être collectif » ne doit son harmonie qu'à la machine. On voit donc un thème haut concernant l'homme atteint par un moyen bas, la machine, ce qui n'est peut-être pas sans faire penser à la peinture d'Adolphe Von Menzel «Laminoir, Cyclopes modernes », où le peintre se basait sur quelque chose dont le public était accoutumé, respectant ainsi les grands codes afin de l'aider à adopter un nouvel angle de perspective sur des sujets non connus et non reconnus. En peinture, la mythologie  par exemple était cette chose dont on était habitué, et en littérature les « grandes questions » épistémologiques ou existentielles n'ont jamais cessé d'être posées... De fait par ses vers Grisar propose une vision de l'humanité renouvelée où le travail autour de la machine serait vu comme un défi faisant ressortir la valeur collective de travailleurs unis.
Quant à Sandburg l'enjeu est moins anthropologique, toujours en se référant au vocabulaire technique, on voit un véritable jeu de mots avec les différentes parties de la machine, n'étant plus prise comme un tout mais dans son intérieur, dans ses rouages, elle est mise à nu et l'auteur semble jongler entre les différents détails la constituant. Sandburg utilise en effet un rythme saccadé, ternaire, puis il inverse l'ordre des mots, comme s'il invitait à percevoir le travail poétique sur les sonorités, qu'elles soient dans la traduction ou dans la langue d'origine.  Ainsi, autour d'une machine désarticulée, mise hors contexte, Sandburg montre que l'on peut faire de la poésie.

       
            Ces deux poèmes unissant l'Homme à la machine se présentent comme une poésie sociale où le rapport plus personnel de l'Homme ayant dompté sa création invite à repenser le travail ouvrier et ses conditions. De fait il en résulte que, dépassant une coopération utile et efficace entre l'Homme  et la machine, la technique peut ouvrir la voie à une nouvelle conscience ouvrière basée sur une union des mains qui renouvellerait l'humanité des travailleurs. Mais sous l'égide d'une charge de plus en plus importante, n'est-il pas à craindre que cette humanité se perde peu à peu, la machine tendant de plus en plus à remplacer l'Homme?




Pour les images de ce post, voir: http://desertfish-thought-a-day.blogspot.com/2008/05/may-1-2008.html





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