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21 février 2010

L'Ecole des femmes, Molière - Dissertation

Sujet : Dans son livre Molière ou l’invention comique (1966), Marcel Gutwirth souligne  que « Molière a fort bien compris, toute question de bienséances mise à part, que le comique du cocu vient moins de l’inconduite de sa femme que de l’impuissance du mari ».

            Dans quelle mesure ce jugement vous paraît-il pouvoir s’appliquer à L’Ecole des femmes ?

L_Ecole_des_femmes

I.                    Le comique du cocu vient moins de l’inconduite de sa femme que de l’impuissance du mari

1. Le cocuage chez Molière : un comique farcesque par le choix des personnages masculins (de Sganarelle à Arnolphe en passant par George Dandin)

2. L’impuissance du mari, l’obsession d’Arnolphe

3. Le comique dans le dialogue : le mari et l’épouse (et non la femme)

II.                 Cependant le comique ne loge pas que chez le mari : entre la femme et le tiers

1. Le cocuage vu par le tiers (Horace, Chrysalde)

2. La femme et la tromperie : une intrigue digne de la farce

3. Mais peut-on réellement parler d’inconduite pour Agnès ?

III.               Le « comique du cocu » ne porte-il pas sa fin en soi ? Pourquoi le comique du cocu n’est pas farcesque ?

1. Le thème du cocuage et sa souffrance

2. Le parcours d’Arnolphe : un personnage incohérent

            *** Le 26 décembre 1662 avait lieu à Paris la première représentation de L’Ecole des femmes, ordonnance classique parfaite mais thème assez surprenant pour l’époque du cocuage. Molière y fixe les mécanismes de la comédie morale déjà élaborés avec L’Ecole des maris, élaborant la satire du ridicule causé par les délires de l’imagination. Arnolphe, vieux garçon autoritaire et confortablement installé dans sa vie précautionneuse a arrêté quatorze ans auparavant sa décision d’épouser Agnès qu’il a modelée à ses souhaits, comme Pygmalion l’avait fait avant lui. Assez vite il se présente comme le « cocu présomptif » de la classification de Charles Fourier, à savoir « celui qui, longtemps avant le mariage, redoute le sort commun, se met l'esprit à la torture pour y échapper, et souffre le mal avant de l'éprouver réellement ». Comment Molière parvient-il à unir le comique au cocuage ?    Dans son livre Molière ou l’invention comique (1966), Marcel Gutwirth souligne  que « Molière a fort bien compris, toute question de bienséances mise à part, que le comique du cocu vient moins de l’inconduite de sa femme que de l’impuissance du mari », nous verrons comment ce jugement paraît pouvoir s’appliquer à L’Ecole des femmes en insistant sur le comique d’un mari dépassé. Nous tempèrerons cette pensée par l’importance de la présence de la femme et du tiers dans la comédie et enfin nous nous demanderons si l’appellation même de « comique de cocu » ne porte pas sa fin en soi.

                        *** Le cocuage chez Molière est un comique farcesque qui réside principalement dans le choix des personnages masculins. L’histoire du mari cocu ou se croyant cocu, qui tend un piège à sa femme pour la surprendre en flagrant délit et qui voit ce piège se retourner contre lui n’est pas nouvelle et l’on fait remonter cette tradition au Moyen Age, de même pour le principe de la précaution inutile repris à Scarron. Les thèmes du cocuage et de la jalousie étaient très fréquents dans les fabliaux, les farces et les contes comiques et on les retrouve particulièrement dans quatre pièces chez Molière : Sganarelle ou Le Cocu imaginaire (1660), L’Ecole des maris (1661), L’Ecole des femmes (1662) et George Dandin (1668). Sganarelle de L’Ecole des maris est une ébauche d’Arnolphe, sa phobie d’être trompé et son principe de précaution envers Isabelle portent en eux-mêmes l’issue du mariage à venir. Dans L’Ecole des femmes, Agnès n’a ni la sœur, ni la servante, ni l’éducation d’Isabelle et Arnolphe n’est plus le benêt Sganarelle mais le personnage masculin est toujours celui qui porte en lui le ridicule par l’obsession que lui cause son imagination. Un « Et celle que j’épouse a toute l’innocence / Qui peut sauver mon front de maligne influence » caractérisent parfaitement ce comique farcesque et le spectateur devant cette phobie des cornes ne peut que rire. Chez George Dandin le comique touche aussi le personnage masculin éponyme qui goûte au « qui est pris qui croyait prendre » à trois reprises. Ainsi Molière rompt avec ces prédécesseurs classiques, en effet ses personnages n’évoluent plus dans une intrigue se développant au hasard d’incidents indépendants d’eux, mais c’est bien le mari, qui en raison de son « travers » détermine le déroulement de la pièce. Marcel Gutwirth semble donc être à approuver, le comique du cocu est en effet fortement illustré par la présence du mari, trompé et cherchant des preuves ou bien aveuglé par sa crainte pathologique de l’être.

            Mais Gutwirth n’écrit pas seulement « le mari » il parle de « l’impuissance du mari ». Quelle est-elle ? En quoi est-elle comique ? « Le monde du jaloux a la coloration paranoïaque du gardien du trésor : les autres sont tous des voleurs en puissance. » a écrit Max Vernet dans Molière, Côté jardin, côté cour. Arnolphe porte en son nom sa pire crainte, peut-être premier signe de son impuissance, en effet la coutume répète bien souvent que l’on ne choisit pas son nom : Saint Arnolphe, patron des maris trompés. Et pourtant Arnolphe s’y essaie et pour cela aborde un pseudonyme fondant l’intrigue en devenant Monsieur de la Souche (v.174) « la souche plus qu’Arnolphe à mes oreilles plaît ». On peut y comprendre comme une sûreté supplémentaire pour empêcher ce que l’onomastique pouvait prédire, et une insistance sur son profond désir de faire souche, de vouloir être à l’origine, annonce de la lignée future et de facto de la fixité comme l’a analysé Max Vernet. Seulement comme le lui fait remarquer Chrysalde lors de la première scène (v.187)« Cependant la plupart ont peine à s’y soumettre », son « débaptême » ne permet donc que la méprise d’Horace et guère d’éviter le destin. Dans le premier acte Arnolphe parle beaucoup, il est dans la position de celui qui sait, mais lors du deuxième acte ce savoir s’est sauvé avec en quelques sortes un premier passage d’Agnès « hors » de lui. Arnolphe devient enquêteur (v.379) « J’en veux rompre le cours et, sans tarder, apprendre / Jusqu’où l’intelligence entre eux a pu s’étendre ». Il en vient à regretter d’avoir laissée seule Agnès avec Georgette et Alain qui ont « souffert qu’un homme soit venu », et une fois de plus l’on constate son impuissance lorsqu’il est absent. Un homme a croisé Agnès, l’a saluée, lui a parlé, l’a revue sans que le maître de la maison en soit informé et c’est cette situation qui lui échappe qui semble si comique aux yeux du spectateur (v.403) « Je suis en eau : prenons un peu d’haleine ; / Il faut que je m’évente, et que je me promène ». Ajoutons que dans la première scène encore l’on apprend de la bouche de Chrysalde l’âge d’Arnolphe « Qui diable vous a fait aussi vous aviser, / A quarante et deux ans, de vous débaptiser » or Agnès en a dix-neuf. L’on se croirait dans le quiproquo de L’Avare lorsque qu’Harpagon, vieillard physiquement épuisé et bouffon parle d’épouser la jeune fille dont rêve Cléante, son propre fils. Là encore Arnolphe est impuissant, s’il peut changer son nom, et bien que cela n’aie guère d’efficacité il ne peut tromper sur son âge et face à la fraicheur du muguet sympathique il ne peut pas grand-chose… Inconsciemment Arnolphe, tout comme le Sganarelle de L’Ecole des maris l’avait fait avant lui, endosse le rôle de père plus que celui d’amant et pour Agnès il n’y a jamais eu de doute comme l’on peut le voir à la scène 4 du dernier acte (v. 1516) « Chez vous le mariage est fâcheux et pénible, / Et vos discours en font une image terrible ; / Mais, las ! il le fait, lui, si rempli de plaisirs, / Que de se marier il donne des désirs. ». Et qu’est-ce encore face à l’arrivée des pères légitimant l’union des deux amants lors de la dernière scène ?

            Arnolphe, ce « cocu présomptif » selon Charles Fourier est présent dans quasiment toutes les scènes, ce qui n’est pas le cas d’Agnès qui est très discrète. Profitant de cet enfermement qu’il lui a imposé, Arnolphe ne voit en elle qu’une épouse et non une femme. L’importance des monologues du personnage principal semblerait le placer en situation de puissance : il a le pouvoir de la parole, mais ce n’est que pour mieux déguiser cette situation lui échappe. Arnolphe fait de sa parole son arme principale pour « éduquer » Agnès, (v.742) « Et voici dans ma poche un écrit important/ Qui vous enseignera l’office de la femme ». Alors qu’Arnolphe s’illustre par sa pseudoscience, Agnès lui répond toujours avec candeur et franchise. Et ce décalage entre les deux personnages est l’une des principales sources d’amusement pour le spectateur. Le futur mari impuissant, Arnolphe, multiplie les apartés comme dans la scène 5 de l’Acte II, ce qui est toujours de grand effet au théâtre et paraît comme interpréter deux personnages : la face de l’autorité et les mots pesés devant Agnès et  les mots malmenés de l’autre coté « Je crains que le pendard, dans ses vœux téméraires, / Un peu plus fort que jeu n’ait poussé les affaires » (v. 547). Marcel Gutwirth voit donc grâce au ridicule du délire d’imagination d’Arnolphe sa citation illustrée : Arnolphe seul perd pied.

                        *** Qui de mieux placé pour rire du cocuage que celui qui n’est pas concerné ? Le comique du cocu est aussi entretenu par les tiers. Parfois le mari trompé l’est à son insu ou il s’en croit paré par son bon esprit, et c’est alors l’intervention d’un personnage plus modéré comme le sera Chrysalde qui fait sourire. Chrysalde dans la première scène de l’Acte I prévient Arnolphe avec vive insistance « Pensez-vous le bien prendre, et que sur votre idée / La sûreté d’un front puisse être bien fondée ? », il répète ses mises en garde mais Arnolphe n’y entend rien. Si Arnolphe nous paraît si burlesque ce n’est pas simplement par l’aspect de son personnage mais parce qu’avec Chrysalde chaque spectateur devine que l’issue ne sera pas celle souhaitée et calculée par notre vieux garçon autoritaire. Chrysalde, assez comiquement à l’Acte  IV entreprend même une défense fort amusante du cocuage. « Quoi qu’on puisse dire enfin, le cocuage / Sous des traits moins affreux aisément s’envisage ; / Et, comme je vous dis, toute l’habilité / Ne va qu’à le savoir tourner du bon côté ». Ce comique du cocu est peut-être mieux illustré encore par la comparaison plutôt grivoise d’Alain à la scène 3 de l’Acte II « La femme est en effet le potage de l’homme ; / Et quand un homme voit d’autres hommes parfois/ Qui veulent dans sa soupe aller tremper leurs doigts/ Il en montre aussitôt une colère extrême». Mais si comique a pour protagonistes le mari et les tiers il ne faut pas oublier le rôle de la femme…

            Dans L’Ecole des femmes on peut lire à  la scène1 de l’Acte I une diabolisation des femmes qui semblent n’avoir pour seul dessein que la tromperie (v.11) «  Et votre front, je crois, veut que du mariage / Les cornes soient partout l’infaillible apanage ». La femme, associée quasi exclusivement à la ruse crée une intrigue digne de la farce (v.75) « Je sais les tours rusés et les subtiles trames/ Dont, pour nous en planter, savent user les femmes ». Le comique apparaît aussi dans la subtilité dont savent parfois user les femmes amoureuses pour parvenir à leur fin. Il a souvent été reproché à Molière que l’intrigue de sa pièce avait lieu hors de la scène, et en effet les débuts de l’histoire d’amour d’Horace et Agnès ne nous sont contés que par eux et encore, séparément. Et de fait, des « ruses » d’Agnès on n’en a que ce qu’Horace nous en dit. Lors du passage de la lettre par exemple, lui-même parle de « tour » au (v. 922) « Que dites-vous du tour et de ce mot d’écrit ? ». Arnolphe de son côté s’était montré bien sûr de lui, s’étant persuadé bien trop vite des résultats heureux de l’éducation d’Agnès, il croyait avoir discrédité Horace (v.596) « Et de ces beaux blondins écouter les sornettes » et avoir « guéri » sa pupille de son amour naissant en la menaçant de « Bouillir dans les enfers à toute éternité » (v.738). La femme chez Molière, tout comme le mari sait aussi inciter au rire, la duperie qu’elle manigance provoque un amusement respectueux devant tant de finesse et bien souvent le spectateur ayant « pris son parti » se gausse à l’idée de ce qui attend le pauvre mari…

            Gutwirth écrit « l’inconduite de sa femme » ce qui peut conduire à s’interroger : en effet, peut-on réellement parler d’  « inconduite » pour Agnès ? De plus il faut bien rappeler qu’Arnolphe et sa pupille ne sont pas encore mariés ! Arnolphe, qui va épouser une fille de vingt-quatre ans sa cadette avait arrêté à vingt-huit ans sa vision du monde, il croit avoir préservé sa bonté naturelle en la gardant telle qu’elle était dans son enfance. Comme l’a remarqué Max Vernet dans Molière, Côté jardin, côté cour, on retrouve tout le vocabulaire de la non-intervention comme si Arnolphe avait trouvé Agnès telle quelle. Et de fait comme il le dit lui-même lors de la première scène il souhaite « Epouser une sotte est pour n’être point sot ». Agnès dans le début de la pièce est le type même de l’enfant naïf, quand elle éprouve pour la première fois des sentiments à l’égard d’Horace, scène 5 de l’ Acte II, elle ne sait comment les nommer et parle d’un « certain je ne sais quoi », plus tard lorsqu’elle raconte l’épisode du ruban et qu’elle termine (v.585) par « Non. Vous pouvez juger, s’il en eût demandé, / Que pour le secourir j’aurais tout accordé. » on devine un personnage si candide que la tromperie ou l’inconduite ne peuvent être pensées. Si le « Le… » d’Agnès qui a fait tant de bruit torture autant Arnolphe ce n’est pas par son inconduite mais par crainte (ou amusement selon l’interprétation de l’actrice). Ensuite si avec l’avancée de la pièce Agnès semble perdre son ignorance grâce à l’amour, « l’amour donnant de l’esprit, l’amour comme grand maître, l’amour qui transfigure » comme l’écrit M. Robert Jouanny dans Théâtre, peut-on pour autant parler d’inconduite lorsqu’elle ne fait qu’écouter un cœur  neuf, le sien ? Arnolphe est comme Alceste du Misanthrope qui voudrait que Célimène ne fut rien et qu’elle n’exista qu’au travers lui, il parle d’un « honneur » qu’il accorde à Agnès qu’elle lui soit fidèle et d’être définie par lui, seulement Agnès n’a pas eu le choix, si Arnolphe l’a « engagée » à devenir sienne dès quatre ans, son cœur à elle a de toute autre inclination, et là encore est-ce inconduite que d’aimer un  « prince charmant » qui a su éveiller son cœur ? Arnolphe lui reprochera dans la dernière scène de la pièce (v.1492) « Votre simplicité, qui semble sans pareille, / Demande si l’on fait les enfants par l’oreille ; / Et pour suivre un galant vous évader sans bruit. » mais là encore « inconduite » semble être mal adapté tant on s’imagine encore de grands yeux innocents…

                        *** Comme nous l’avons déjà signalé L’Ecole des femmes réunit des thématiques propres à la farce avec la tromperie, la diabolisation de la femme, le cocuage. Et l’on peut donc se demander à juste titre pourquoi le comique du cocu n’est-il pas ipso facto farcesque ? La farce du Moyen Age était destinée à remplir les intermèdes entre les mystères, et n’ambitionnait qu’au rire, les personnages étaient grotesques et sans psychologie réelle. L’intériorisation du thème du cocuage devenant véritable obsession marque ce passage de la farce à la comédie. Si Arnolphe est ridicule c’est avant tout parce qu’il est incapable de prendre conscience de l’aveuglement que provoque chez lui son idée fixe. Chrysalde au quatrième acte le lui fait remarquer « Etre avare, brutal, fourbe, méchant et lâche, /N'est rien, à votre avis, auprès de cette tache; /Et, de quelque façon qu'on puisse avoir vécu, /On est homme d'honneur quand on n'est point cocu ». Obsession, idée fixe…on imagine aisément l’acteur l’interprétant avec une telle emphase qu’Arnolphe en devient grotesque. Et cependant dès la scène 5 de l’Acte II avec le passage central du quiproquo autour de « le… » Arnolphe semble comme changer de registre «  O fâcheux examen d’un mystère fatal, / Où l’examinateur souffre seul tout le mal ! », le ton est désormais plus proche de la tragédie que de la comédie. Et avec un Arnolphe interprété par Pierre Arditi par exemple, on lit sur son visage une souffrance réelle comme il l’a cite lui-même « Je souffre en damné » (v.578). Ainsi l’on peut-être amené à se demander si l’appellation même de « comique du cocu » ne porte pas sa fin en soi. Certes le cocuage est amusant, même Arnolphe s’en moque au départ, mais très certainement pas pour celui qui porte les cornes. Et dans le cas d’Arnolphe, même s’il ne les portera pas puisqu’il n’est guère marié avec Agnès, cette seule pensée le torture réellement, et heureusement que l’interprétation théâtrale prône l’exagération des expressions. Alfred de Musset disait en sortant d’une représentation du Misanthrope « Lorsque l’on vient d’en rire, on devrait en pleurer », et c’est bien vrai, assister à la fin d’un rêve de quatorze ans et la condamnation d’Arnolphe à la solitude est terriblement triste, Arnolphe n’était pas méchant, juste très maladroit. On est donc bien loin de la légèreté de Rabelais et de son Panurge qui cherchait comment éviter le port des cornes de façon bien humoristique dans le Tiers Livre.

            On a noté l’évolution du personnage d’Agnès dans la pièce qui en l’espace d’à peine cent-cinquante vers quitte l’ignorance dans laquelle elle était maintenue et s’éveille à l’amour. Il en est de même pour Arnolphe qui par son parcours peut aller jusqu’à se présenter comme un personnage incohérent. Souvent chez Molière ses personnages éponymes donnent le titre de la pièce, devenant ainsi de véritables types : Harpagon est L’Avare et il n’est que cela, Sganarelle est Le Cocu imaginaire, George Dandin est le mari trompé, Alceste est Le Misanthrope et non un parmi d’autres… Arnolphe n’est pas le cocu imaginaire, si son trait principal est la phobie des cornes il semble comme jurer avec le théâtre classique se rapprochant déjà plus de celui du XIXème siècle par sa complexité, il sait aussi se montrer généreux, a un ami. Arnolphe est d’abord un noble arrogant et cancanier qui se rit des cocus avec ses exhaustifs « L’un [...] l’autre »  de sa joute avec Chrysalde au début de la pièce. Puis il devient inquiet lorsqu’il apprend qu’un homme a été introduit auprès d’Agnès, il se rassure ensuite devant sa candeur. Vient le moment de la déception et de la rage suivis de près par le dépit qu’il combat avec orgueil et présomption. Malgré cela sa déception va en s’accroissant et la fin du troisième acte voit un grand bouleversement dans son discours, alors qu’avant il ne parlait que d’honneur le voilà qui s’écrie « Je souffre doublement dans le vol de son cœur, / Et l'amour y pâtit aussi bien que l'honneur. [...] / Elle trahit mes soins, mes bontés, ma tendresse;/ Et cependant je l'aime, après ce lâche tour, /Jusqu'à ne me pouvoir passer de cet amour. ». On perçoit ce vieux garçon autoritaire et ridicule désorienté par ce sentiment nouveau, alors qu’il voit qu’Agnès ne l’aime pas il comprend qu’il ne pourra se passer d’elle et lui promet, si elle consent à leur hymen, une complaisance sans borne « Jusqu'où la passion peut-elle faire aller! » v.1598. Lorsque l’on quitte la scène on laisse Arnolphe souffrant, ayant perdu toute son éloquence et s’en allant sur un « Oh ! » v.1765. Et face à cette affliction, face à ce personnage qui lui aussi venait de découvrir l’amour, que l’on imagine s’éloignant dans l’ombre, seul et courbé sous le poids du chagrin l’on est en droit de se demander s’il peut réellement exister un « comique du cocu ». Même au-delà de la morale chrétienne qui invite à la commisération, peut-on sincèrement rire du si grand malheur ayant frappé cet homme ?

            En conclusion L’Ecole des femmes ridiculise l’angoisse présomptive d’un futur mari qui craint d’être trompé faisant de Molière un ennemi des défenseurs du mariage chrétien. Le cocuage devient source de rire pour le public qui se gausse du pauvre Arnolphe abusé. Mais devant la frivolité avec laquelle ce thème est abordé, l’on peut s’interroger sur l’exclusion volontaire de la question de la bienséance chez Gutwirth…

arnolphe_agn_s


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Commentaires
L
je trouve votre dissertation pas mal. Elle est bien détaillée, ça ma beaucoup aidée pour mon travaille. Sa mérite un 15 pour le résumer de l'histoire .
U
Cute blog,i like your post.
C
I would like to thank the author for this marvelous efforts .I appreciate your efforts in preparing this post. I really like your blog articles.<br /> college Thesis writing
M
Note: 14/20
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