Ce premier mai
Sur une stèle du cimetière de Waldheim, à Chicago, sont inscrites les dernières paroles d’Augustin Spies : «Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd'hui».
Juste parce que, lorsque l’on regarde attentivement un calendrier, pour faire notre planning, on remarque quelques gentilles petites cases, qui signifient que « les lasagnes font que » l’on ne travaille pas. La Toussaint, l’Armistice de 1918, Noël, le Jour de l’An, le lundi de Pâques, le fête du travail, la victoire de 1945, l’Ascension, la fête Nationale, l’Assomption… Bingo, cela en fait! Alors, la plupart des simples mortels que nous sommes savourons ces instants où le temps nous est offert… sachant plus ou moins ce que l’on célèbre.
1er mai, 1er mai, éminemment célèbre dans nos sociétés de labeur. La fête du travail bien sûr ! On est fiers, nous français d’y rendre hommage, et par l’attitude égocentrique de tout homme, on se sent obligé de se l’attribuer, de l’attribuer à notre douce France, bah, les autres nous aurons copiés. Mais non, camarades, détrompez-vous ! Allons, remontons un petit peu le temps : 1er mai 1886. Lieu du déroulement ! L’Amérique bien sûr ! Suite à une pression syndicale bien intentionnée, 200 000 ‘ch’tits travailleurs se sont vus accorder la journée de 8 heures (Dieu merci, imaginez si les journées étaient plus longues…)… en Amérique les amis. Et oui, ce sont nous les copieurs, désolée pour la fierté… on ne fêta le 1er mai que quelques années plus tard en Europe. En France, il fallu attendre 1890. Benh oui, les « States », ce sont eux les Grands, nous à côté, malgré les interventions ingénieuses et culottées de De Gaulle, on reste petits, mais ce n’est pas grave va, notre amour propre nous sauve.
Maintenant, un peu d’histoire voulez-vous. Quoi vous ne voulez pas ? Bon, alors, bien le bonjour chez vous, parce que moi je n’ai pas fini. Je disais donc, avant d’être interrompue par quelques importuns d’un goût douteux (je crois que le principal était mon cours de biologie qui s’écriait à gorge déployée que mon attention, il la voulait pour lui, égoïste, tu attendras), qu’il était nécessaire de remonter le cours d’eau historique. Citons donc un monsieur, Raymond Lavigne qui, le 20 juin 1889, décida qu'il serait «organisé une grande manifestation à date fixe de manière que dans tous les pays et dans toutes les villes à la fois, le même jour convenu, les travailleurs mettent les pouvoirs publics en demeure de réduire légalement à huit heures la journée de travail et d'appliquer les autres résolutions du congrès. ». Gagné, voilà qui est fait. Voilà pour l’explication révolutionnaire du 1er mai.Mais demeure une question existentielle. 1er mai rime avec… ? avec… ? Muguet ! Bien belle question que de se demander le « pourquoi ? » (imaginez l’état de délabrement mental dans lequel nous nous trouverions si ce mot n’existait pas… l’absence de questionnement correspondrait à nous comparer à des pierres, quoique l’idée du dorage au soleil et de la caresse des vagues en bord de mer ne doit pas être désagréable en tant que galet). Explications : « En France, dès 1890, les manifestants du 1er mai ont pris l'habitude de défiler en portant à la boutonnière un triangle rouge. Celui-ci symbolise la division de la journée en trois parties égales : travail, sommeil, loisirs. Le triangle est quelques années plus tard remplacé par la fleur d'églantine. En 1907, à Paris, le muguet, symbole du printemps en Île-de-France, remplace cette dernière. Le brin de muguet est porté à la boutonnière avec un ruban rouge. ». Et bien voilà que tout est clarifié, si ce n’est pas magnifique ! Moi aussi je suis pour le proportionnel… 8*3=…24 ! Bingo, journée planifiée !
Et avec les 35 heures alors? Parce que moi je ne fais pas du 8 heures (en établissement), 5 jours par semaine! Alors?
Allez, je vous quitte, profitez bien de votre journée de repos, parce que demain, à l’attaque, on n’est pas en vacances… Petite photo pour clore tout cela… Je n’ai jamais dit que j’étais photographe…