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11 février 2007

Le libertin, Eric-Emmanuel Schmitt

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Miam ! A croquer ! Magnifique récit théâtral concernant Diderot, sa théorie libertine et sa femme préférée : la philosophie.

Lorsque l’on commence à étudier au lycée le siècle des Lumières et que l’on nous demande de citer les plus grands philosophes, c’est indéniablement quatre grands cris : « Voltaire ! », « Rousseau ! », « Montesquieu ! », « Diderot ! ». Bien mes enfants. Pourquoi Voltaire ? Parce que C’EST Voltaire, il est le plus grand, le plus fort, le « plus mieux » quand on ne sait pas encore qu’il était incroyablement misogyne. Pourquoi Rousseau ? Parce qu’il voudrait que l’on vive tout à poil à bouffer notre salade verte, « Retournez à l’état naturel mes enfants, il est bon pour vous. ». NB : Très chers novices, ne mettez pas ceci dans vos copies, vos professeurs pourraient en rire mais tout aussi bien se remettre à la géométrie en traçant de beaux cercles. Montesquieu ? Il est l’auteur de De l’esprit des lois. C’est quoi cette bête ? Oh un persan et un parisien qui avec un regard qui frôle l’ignorance critiquent la société, innocemment bien sûr. Et non, malgré le titre, ce n’est pas incroyablement ennuyeux. Et Diderot maintenant ? Quelle question ! Mais c’est parce qu’il a pris l’initiative de l’Encyclopédie avec l’aide de son copain le géomètre d’Alembert (quelle vie qu’il avait celui-là aussi). Voilà on les connaît tous.

Et bien non ! Qu’a-t-on lu de Diderot exactement ? Heu, attendez je vais vous le dire. Heu… Non mais attendez je cherche là. Et là le verdict. Bam ! Je ne connais pas Diderot ! J’en parle depuis le berceau littéraire (soit la prise de conscience de ce qu’est la littérature) et je ne le connais pas ! Argh ! Que l’on me couvre de honte. Diderot… Diderot…

Attention, infos presque inédites ! Si vous voulez continuer à l’associer à d’Alembert et l’Encyclopédie, quitter cette page…

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« J’enrage d’être empêtré dans une diable de philosophie que mon esprit ne peut s’empêcher d’approuver, et mon cœur de démentir. » Denis Diderot.

Je vais déplaire, je vais me rapprocher de madame de Mertueil en parlant ainsi, que l’on ne m’en tienne pas rigueur…Quelle littérature est plus belle que la littérature libertine ? Réfléchissez… Les liaisons dangereuses… N’est-ce pas dans ces mœurs légères que l’on retrouve la plume la plus fine ? A mes yeux et bien qu’incroyablement romantique je ne le déments pas. Bien. Et ce Diderot, dont on a pour image l’homme aux cheveux grisonnants, la main à la plume, le regard vers l’avenir et la chemise légèrement entrouverte… quel rapport ? Sa définition du libertinage dans l’Encyclopédie !

LIBERTINAGE, s. m. (Mor.) c'est l'habitude de céder à l'instinct qui nous porte aux plaisirs des sens ; il ne respecte pas les moeurs, mais il n'affecte pas de les braver ; il est sans délicatesse, & n'est justifié de ses choix que par son inconstance ; il tient le milieu entre la volupté & la débauche ; quand il est l'effet de l'âge ou du tempérament, il n'exclud ni les talens ni un beau caractere; César & le maréchal de Saxe ont été libertins. Quand le libertinage tient à l'esprit, quand on cherche plus des besoins que des plaisirs, l'ame est nécessairement sans goût pour le beau, le grand & l'honnête. La table, ainsi que l'amour, a son libertinage ; Horace, Chaulieu, Anacréon étoient libertins de toutes les manieres de l'être ; mais ils ont mis tant de philosophie, de bon goût & d'esprit dans leur libertinage, qu'ils ne l'ont que trop fait pardonner ; ils ont même eu des imitateurs que la nature destinoit à être sages.

Mince, il ne faut pas écouter sans faire des recherches à la suite. Je m’imaginais Diderot comme ayant une vision de l’éthique, de la morale infaillible ! Combien ai-je eu tort. C’était un libertin ! Un  libertin ! Je regrette de ne jamais lui avoir porté l’attention nécessaire ! Ces histoires sont toujours si… croustillantes…Diderot… Bref, du haut de mes seize printemps, je comble quelque peu le gouffre par un écrit d’Eric-Emmanuel Schmitt, intitulé judicieusement Le libertin. Pour une parfaite introduction, rien ne vaut le résumé :

« Dans le pavillon de chasse du baron d'Holbach, Diderot pose à demi-nu pour madame Therbouche tout en marivaudant, quand son secrétaire interrompt leurs jeux amoureux pour lui demander d'écrire au plus vite l'article sur la morale de l'Encyclopédie.  Une folle journée commence pour Diderot constamment dérangé dans ses entreprises, qu'elles soient de séduction ou de philosophie. ».

Vous comprenez mieux désormais que nous nous sommes trompés sur le sieur Diderot ? Je vais économiser les blablas inutiles et vais, pour illustrer ce récit, vous en citer quelques passages.

BARONNET. Rousseau s’est récusé, il n’écrira pas son article. Il dit qu’il a été poursuivi récemment par la police et n’a pas envie de risquer à nouveau de vivre six mois dans sa cave.

DIDEROT. […] Fichu Rousseau.

è Le sieur Rousseau était un trouillard. Sa cave, comme toutes les caves, étant à l’ombre, il n’aura pu y faire pousser herbe et salades et aura donc refusé catégoriquement d’y retourner.

DIDEROT. Il faut dire que d’Holbach écrit d’une main un peu lourde. Il trempe sa plume dans l’amidon. Imaginez un gâteau sans levure, c’est cela la littérature du baron d’Holbach : ça vous plombe l’estomac et ça ne remonte jamais jusqu’au cerveau.

èDiderot et le baron étaient amis, dans le cas présent, ce dernier hébergeait le philosophe. Nous préciserons que le baron a écrit de nombreux articles pour l’Encyclopédie.

DIDEROT. Rousseau estime que l’homme est naturellement bon _ c’est dire qu’il n’a pas dû connaître la mère de ma femme _ tandis qu’Helvétius l’estime naturellement mauvais – c’est dire qu’il n’a jamais étudié que lui-même.

MME DIDEROT. Enfin, toujours est-il que, ce matin, je m’estimais beaucoup plus cocue que la normale.

DIDEROT. Le libertinage est la faculté de dissocier le sexe et l’amour, le couple et l’accouplement, bref, le libertinage relève simplement du sens de la nuance et de l’exactitude.

DIDEROT. Je veux que tu te maries.

ANGELIQUE (sa fille). A un homme ?

DIDEROT. De préférence.

ANGELIQUE : Un seul ?

DIDEROT. […] Quelle éduction as-tu reçu ?

ANGELIQUE. Tu le sais mieux que moi.

DIDEROT. Parfois j’aimerais ne pas être moi, mais Rousseau, Helvétius, ou Voltaire, une tête dure de ce genre, avec des idées bien cadrées, bien arrêtées, des idées qu’on enferme dans des formules, puis dans des livres, des idées qui restent, qui s’accrochent. […]Moi je change d’avis lorsqu’une femme entre, je suis capable de passer de la gavotte au menuet en plein milieu du morceau.

è Les idées de Rousseau ne sont jamais restées bien longtemps chez moi, quand à celles d’Helvétius, elles n’y sont jamais rentrées !

         Mais n’en ai-je pas déjà trop écrit ? Alors clôture du chapitre ! FIN !

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Commentaires
C
I would like to thank the author for this marvelous efforts .I appreciate your efforts in preparing this post. I really like your blog articles.<br /> college Thesis writing
L
Je n'ai pas tout suivi, mais je note le titre :P
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