Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
ღ♥  Mon aire de repos  ღ♥
8 septembre 2006

Exposé: Le mouvement baroque au XVIIème siècle et dans l'Illusion Comique de Corneille

7

L’Illusion comique

             Corneille

v                   Le mouvement baroque au XVIIème siècle et dans    l’œuvre

Pour un exposé oral…

            On identifie souvent le XVIIe siècle au classicisme. C’est à la fois justifié et inexact. Le classicisme s’est effectivement épanoui au XVIIe. Privilégiant la raison, aimant la régularité et l’ordre, préférant la sobriété aux excès, cherchant l’universel dans le particulier, il a été la plus haute expression du siècle. Classiques sont des écrivains comme Pascal, Molière, Racine,

La Fontaine

, Mme de Sévigné ou Mme de

la Fayette.

            Mais le courant classique n’a été qu’un moment, même s’il fut exceptionnel, du XVII è siècle. Il s’impose progressivement après 1640 pour triompher entre 1661 et 1685. Avant 1640, un autre courant domine : celui du baroque. Après 1685, l’évolution du goût et de la sensibilité annonce déjà le XVIIIe siècle.

            Pas plus qu’une autre époque, le XVIIe siècle ne fut donc un siècle homogène. Il fut traversé par plusieurs tendances esthétiques et éthiques qui se sont tantôt succédées, tantôt enchevêtrées.

Et des hommes comme Corneille, dont la production théâtrale s’étend sur une grande partie du siècle (de 1630 à 1674), ont capté et exprimé ces diverses tendances. Si se tragédie de Cinna (1640) est classique, L’illusion comique (1635-1636) est, quant à elle, baroque. Aussi, avant d’examiner en quoi elle l’est, il s’avère indispensable de définir le baroque.

I. Qu’est-ce que le baroque ?

            1. L’origine et l’emploi du mot

            Le mot « baroque », d’origine italienne, est emprunté au vocabulaire de la bijouterie, où baroco désigne une perle de forme irrégulière. Par extension de sens, « baroque » a fini par qualifier tout ce qui est excentrique, extravagant, bizarre. Son emploi ne se limite pas à la littérature, ni à

la France

seule. Le baroque fut un mouvement européen, qui influencera tous les arts. Dans l’histoire des lettres françaises, il domine surtout la période qui va de 1580 à 1640.

            2. Définition et caractéristiques du baroque

            Avant d’être une forme d’expression, le baroque correspond à une certaine vision du monde. C’est une position morale et philosophique. Selon cette vision, rien n’est stable, tout est mobile. Les valeurs sont éphémères. Contrairement à l’idéal classique qui croira en l’existence d’une nature humaine éternelle et universelle, le baroque rejette la notion de permanence. L’homme n’est que changement et mouvement.

            L’accent est mis en conséquence sur le paraître au détriment de l’être, sur les apparences, au dépens de ce qui est intérieur. Le décor devient alors très essentiel. Ce peut-être une décoration picturale, un ornement architectural ou vestimentaire, mais aussi un déguisement, une manière de se comporter et de s’offrir au regard d’autrui. Il cesse d’être une mise en valeur (d’un lieu, d’une salle, de soi) pour devenir la valeur suprême. Seul compte le décor. Tout part de lui et s’arrête à lui.

            C’est pourquoi, sur le plan artistique, le baroque privilégie ce qui suggère le foisonnement des formes, la richesse de la décoration, la mobilité des tracés géométriques. En architecture et en sculpture, on multipliera les courbes et les spirales ; en peinture, ce seront des arabesques complexes et multicolores ; et en littérature, ce sera un choix particulier des thèmes, d’effets de langage et d’organisation de l’œuvre.

II. En quoi l’Illusion comique est-elle une pièce baroque ?

            L’Illusion comique est baroque par la prédominance des apparences et par une recherche incessante de la variété  et du changement.

            1. La prédominance des apparences

            La pièce de Corneille est toute entière bâtie sur la notion d’apparence. Qu’est-ce en effet qu’une illusion ? Rien d’autre que l’apparence par excellence, puisqu’elle est si forte qu’elle induit en erreur et qu’on la prend pour véritable. Matamore n’est qu’une apparence de héros ; et le déguisement est dans son principe même, une apparence. Le métier de comédien qu’exercent à l’acte V Clindor et Isabelle est également fondé sur le paraître.

            Le magicien Alcandre n’agit pas autrement envers Pridamant. Les « spectres » qu’il anime dans les actes II et IV sont des fantômes, c'est-à-dire des apparences. Ses pouvoirs extraordinaires lui permettent de faire croire au malheureux père que le faux est vrai. Le procédé du théâtre dans le théâtre relève, de la même façon, du maniement des apparences. A l’exception du premier acte qui expose et met en place les éléments de l’action et à l’exception de la dernière scène qui livre à Pridamant (et au spectateur) la clé de l’énigme, L’Illusion comique n’est ainsi qu’une apparence : tant dans le caractère que dans le comportement des personnages, tant dans son thème principal que dans sa structure.

            2. Une recherche incessante de la variété et du changement

            Tout est par ailleurs en mouvement dans L’Illusion comique. Qu’il s’agisse de l’action de la pièce, de la peinture du sentiment amoureux ou des tons de l’œuvre, rien n’est fixe, unique, homogène ou linéaire.

a) L’action

            Elle parait simple et évidente de prime abord : un père retrouve son fils qu’il recherchait depuis longtemps. La preuve toutefois que la quête de Pridamant constitue plus le prétexte de l’action que l’action elle-même réside dans l’incapacité où se trouve le spectateur de désigner le personnage principal de la pièce. Au premier acte, Alcandre tient d’abor la vedette, mais il se met par la suite ne retrait pour ne plus effectuer que des actions intermittentes. Au deuxième acte, c’est Matamore qui devient le personnage le plus important ; au troisième, c’est Clindor et au quatrième, Lise. Le cinquième acte replace au premier plan Clindor, mais sous les traits d’un personnage dont il interprète le rôle. Il n’y a pas, dans L’Illusion comique de personnage qui soit essentiel d’un bout à l’autre de la pièce. Chaque acte en met un en valeur.

b) La peinture du sentiment amoureux

            L’inconstance est la traduction, sur le plan sentimental du thème du changement. Elle est toujours passagère, elle est parfois simulée, mais elle est omniprésente. L’inconstance apparaît une première fois quand Clindor, un moment oublieux d’Isabelle, laisse entre à Lise qu’il l’épouserait volontiers si elle était plus riche. Elle revient une deuxième fois, sous une forme certes imaginaire, lorsque, pour obéir à Matamore qui se croit aimé d’Isabelle, la jeune fille le quitte pour Clindor. L’inconstance se transforme enfin en infidélité dans le fragment de tragédie inséré dans l’acte V. Clindor, favori du prince Florilame, espère nouer une liaison avec la princesse Rosine, bien qu’il soit marié. Isabelle, qui s’en est aperçue, s’indigne. Clarine, sa suivante (jouée par Lise), tente de l’apaiser et elle entreprend même un étonnant éloge de l’infidélité masculine :

« L’honneur d’un galant homme est d’avoir des maîtresses. » (v. 1382)

Démasqué, Clindor minimise son écart de conduite et s’étonne de l’importance qu’une femme accorde aux liaisons de son mari :

« Fallait-il la moindre brèche à la foi conjugale,

Il n’est point à leur gré de crime qui l’égale,

C’est vol, c’est perfidie, assassinat, poison »  (v. 1457-1459)

            Aucun de ces trois cas d’inconstance n’a de graves et durables conséquences. Isabelle pardonnera Clindor. Il n’en demeure pas moins que le thème baroque du changement, de la mobilité affective parcourt la pièce.

Il la traverse d’une manière plus fondamentale encore par une série de métamorphoses qui touchent presque tous les personnages. Pridamant, d’abord désespéré et hostile au théâtre, se précipite à la fin à Paris pour retrouver et applaudir son fils. Clindor, après être allé de métier en métier, réalise sa vocation en devenant comédien. C’est aussi Lise qui, par amour commence par mettre en péril la vie de Clindor avant de le sauver et d’oublier l’amour qu’elle portait. A l’exception d’Alcandre et d’Isabelle, tous changent.

c) Les registres de l’œuvre

            Sur le plan de l’écriture enfin, le baroque de L’Illusion Comique se manifeste dans le mélange des tons (que plus tard le classicisme condamnera vigoureusement). Les scènes où apparaît Matamore sont hautement comiques : ses propos sont en effet tellement exagérés qu’ils ne peuvent qu’engendrer le rire. En voici un exemple : Quand Géronte le somme de ne plus courtiser sa fille Isabelle, Matamore le prend de haut, de si haut que son ridicule éclate, il lui réplique en effet :

« Pauvre homme, sais-tu bien que mon nom effroyable

Met le grand Turc en fuite, et fait trembler le diable,

Que pour t’anéantir je ne veux qu’un moment ? » (v. 725-727)

            Le comique est d’autant plus fort que le spectateur sait depuis longtemps que Matamore est un lâche. Sa vantardise ne peut donc tromper personne.

En revanche, les scènes où Pridamant donne libre cours à ses inquiétudes n’ont rien de réjouissant. Le pathétique l’emporte alors. C’est le cas du monologue de Clindor attendant la mort dans sa prison (IV) ou dans celui d’Isabelle, complètement désespérée à l’idée de perdre l’homme qu’elle aime (IV). Quant aux remords de Lise d’avoir aidé Adraste à faire tomber Clindor dans un guet-apens (IV), ils émeuvent par leur sincérité. A l’acte V, la comédie qu’est L’Illusion comique renferme enfin quatre scènes de tragédie.

            Comme l’écrit Corneille dans la dédicace de sa pièce « le premier acte n’est qu’un prologue, les trois suivants font une comédie imparfaite [inachevée], le dernier est une tragédie ; et tout cela, cousu ensemble, fait une comédie ». On ne peut mieux illustrer la variété des registres que L’Illusion comique orchestre.

III. Le chef-d’œuvre du théâtre baroque

            L’Illusion comique n’est pas seulement une pièce baroque : elle est la plus baroque du théâtre de Corneille et la plus représentative du théâtre français en général.

Aucune autre œuvre de Corneille et aucune œuvre d’une autre dramaturge de l’époque n’a mieux utilisé ce courant esthétique.

Si le jeu des apparences n’était pas nouveau, jamais avant L’Illusion comique on n’en avait fait l’essence et la chair même d’une pièce. On ne peut en effet supprimer le procédé du théâtre dans le théâtre et le thème du déguisement (qui n’en est qu’une variante) sans détruire toute la pièce. On ne peut davantage retrancher les scènes d’inconstance sans la mutiler profondément. On ne peut pas non plus modifier sa structure sans lui enlever une grande par de sa signification et de son intérêt.

Le baroque de L’Illusion comique n’est donc pas une simple coloration superficielle, ni une concession à la mode : il est inhérent à la pièce. L’Illusion comique est en définitive moins une pièce baroque que du baroque fait, devenu théâtre.

En présentant sa comédie, Corneille n’avait pas tort de dire que c’était un « étrange monstre ». Un « monstre » c’est, selon la mythologie gréco-romaine, un être qui réunit en lui des éléments qui ordinairement existent dans la nature séparément ; c’est, par exemple, le Minotaure (évoqué dans Phèdre de Racine) avec son corps d’homme et sa tête de taureau. Sur le plan artistique, un « monstre » exprime le refus des classifications, des catégories, le désir de cultiver l’imaginaire jusqu’à l’invraisemblance : autant de caractéristiques baroques qui se retrouvent dans L’Illusion comique.

Publicité
Publicité
Commentaires
K
Waouh! Merci beaucoup ça m'a beaucoup aidé mais juste comme petite critique parfois on a du mal à lire ce que tu as écrit à cause du fond noir et de la couleur foncé de l'écriture. :)
C
I would like to thank the author for this marvelous efforts .I appreciate your efforts in preparing this post. I really like your blog articles.<br /> college Thesis writing
Publicité
ღ♥  Mon aire de repos  ღ♥
Archives
Publicité