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21 mars 2010

Grenoble _ L'Absence d'oiseaux d'eau _ Rencontre avec Emmanuelle Pagano avec présentation par Thierry Guichard

Résumé de la conférence

            L’Absence d’oiseaux d’eau (2010) a pour thèmes principaux le désir, l’amour mais aussi la littérature et l’écriture. Emmanuelle Pagano (E.P.) est auteure de romans (de fiction) mais ici ce livre est né d’une rencontre avec un écrivain. Au départ c’était un projet d’écriture à deux, un livre épistolaire et amoureux dont au final il ne reste que les lettres de la narratrice.

            L’éditeur lui a demandé un avant-propos autobiographique pour exposer la genèse du livre mais l’auteure pense que cela induit une lecture particulière et elle ne cesse de se demander si cela est vraiment nécessaire.

La narratrice est mariée, mère de trois enfants et écrivain. Le roman épistolaire s’appuie sur les lettres d’un écrivain avec qui elle a eu une liaison. Seulement ce projet qui s’était fait à deux se continue dans la solitude, et l’auteure qui se mélange souvent à la narratrice (elle semble même parfois les confondre durant la conférence) écrit une fois l’auteur masculin parti « Maintenant que tu es devenu un personnage c’est plus facile d’écrire ». Le projet du livre s’étant arrêté avec l’écrivain elle l’a tout de même poursuivi d’où une modification de ses propres lettres pour que le lecteur comprenne et un constant besoin de retravailler ses personnages « car nous ne sommes pas intéressants », chacun de ses personnages est donc constitué de plusieurs modèles réels. Elle insiste beaucoup sur le matériel autofictionnel « Ce livre est le moins réel de tous mes livres ».

            Emmanuelle Pagano aime parler du corps mais d’une manière douloureuse, dans la sexualité par exemple.

            Thierry Guichard (T.G.) (qui a beaucoup d’humour, à la limite du grivois même parfois) parle de trois parties dans ce livre comme de trois actes théâtraux :

1)     la montée du désir

2)     la consommation du désir

3)     la disparition du corps du désir.

E.P. le corrige, le désir est dans les trois parties, que le corps de l’Autre soit présent ou non.

            L’auteure parle d’un projet de comprendre ce qu’est qu’inventer sa vie dans l’écriture. Elle nous lit le début, une lettre de la narratrice écrivant à un auteur masculin annonçant qu’elle souhaite écrire un livre avec lui. Alors que T.G. parle d’une rencontre d’abord avec des mots, E.P. dit que pour elle les mots sont aussi une rencontre physique.

Un pari de T.G. probablement l’engageait à utiliser le mot « hélicoïdal », il y parvient en annonçant la construction hélicoïdale du roman avait commencé avec les mots et où, même quand la rencontre est passée, il reste la littérature. T.G. parle d’une certaine mystique de l’écriture et des mots, il cite un auteur belge qui a écrit qu’il n’y avait pas d’amour plus charnel que la littérature, comme si l’on était plus profondément dans l’autre. E.P. parle d’un désir d’écrire, comme un acte d’amour qui se ferait par les mots  et T.G. fait allusion aux passages érotiques qu’il décrit comme un chant avec un tempo en fond qui monte, qui monte…. Puis il  la taquine en lui demandant donc si pour elle l’échange verbal est plus puissant que l’Autre. E.P. s’écrie que non, pour elle la vie et l’écriture se confondent, elle pense qu’elle n’écrirait pas si elle ne vivait pas sa vie et que la réciproque est peut-être aussi vraie et elle se dit que si elle n’avait pas écrit, peut-être n’aurait-elle pas vécu. Elle insiste sur l’absence de séparation entre la littérature et la vie, il y aurait comme « une membrane qui vibre et qui protège » entre les deux.

            E.P. expose une vision de la fiction en ces mots « ce n’est qu’un assemblage », un collage d’éléments réels. En riant elle remarque que ce sont des lettres et qu’il n’y a ni narration ni suspense dans son livre. L’échec de sa relation avec l’Autre est causé par une inégalité, l’homme ne la suit pas et ne s’investit pas autant qu’elle, en particulier dans l’écriture.

            Au départ E.P. se disait que le livre était un prétexte à l’histoire mais avec le temps elle s’est rendue compte que c’était l’inverse. La narratrice a presque peur que sa relation avec l’écrivain se passe trop bien car il n’y aurait plus rien à en dire et que les « je t’aime » et « tu me manques » n’intéresse personne.

            T.G. dit qu’elle lui fait penser à une narratrice sadienne, mais elle n’a pas lu Sade alors ne peut confirmer.

            C’est dans la première partie qu’elle parle le plus librement de la littérature. T.G. se souvient de Clément Marot qui dans un poème déclare sa femme à la poésie, peut-être bien qu’elle aussi, comme si son livre était un livre d’amour sur la littérature.

            Pourquoi ce titre L’Absence d’oiseaux d’eau ? T.G. parle d’anamorphose, comme s’il y avait un paysage dans le corps de l’homme, seulement une fois qu’il disparaît le corps lui, reste. A la fin du livre en effet la rivière est toujours là mais il n’y a que du silence autour « Pourtant non, ce n’était pas toi qui manquait au paysage mais les oiseaux […] le silence d’oiseaux que maintenant j’avais identifié […]. Tu n’es plus là, tu n’as jamais été là. »

D’ailleurs E.P. trouve qu’il n’y a pas assez de sons dans ses livres alors qu’elle travaille les sensations. Elle voudrait plus de « réverbération ».

            Quelles ont-été les réactions du public depuis la sortie du livre ? Elle a reçu des avis très partagés, certains lui ont même écrit pour dire qu’ils avaient  détesté (elle trouve l’initiative étrange). Du côté de son entourage elle a aussi rencontré un refus de lecture car elle raconte sa vie. Elle dit que c’est plus l’autofiction que la forme qui gène, notamment l’impudeur de ses larmes (les gens pensent que quand la narratrice pleure c’est elle qui pleure) et cela dérange, plus même que la sexualité omniprésente dans ses romans. A ce titre il faut préciser que sur le programme était mentionné en rouge  « Attention : certains livres d’Emmanuelle Pagano sont à destination d’un public adulte »…

absence

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