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10 mars 2007

Le Diable au corps, Raymond Radiguet.

Le Diable au corps… Prometteur comme titre n’est-ce pas ? Digne de notre ami Charles (Baudelaire),le_diable_au_corps on se voit plongé dans un simulacre des Fleurs du Mal, on est subjugué par l’association du mot « corps » avec « diable », on pense « le péché de l’amour physique »… et sans même avoir commencé la lecture, on sait que cela va être croustillant. 

Et pourtant… Les dix-sept premières pages sont ennuyeuses à en mourir. Les descriptions d’une famille sans histoire par l’un des garçons de seize ans, vivant à la campagne, heureuse comme il se doit, en ce début de guerre invitent le lecteur en manque de motivation à briser-là et à aller voir ailleurs. J’ai manqué de sombrer dans cette légèreté, mais Dieu merci, je me suis retenue.

Et ensuite, attendue comme une princesse surgit une invitée accompagnée de son petit frère et de ses parents : Marthe. Le narrateur, emporté par les élans de son âge, lors d’une ballade dominicale avec la jeune fille, de trois ans plus âgée que lui, se confie, lui parle d’amour et a ainsi l’impression de dévoiler le sien envers cette jeune femme qu’il connaît à peine. Il essaie de la revoir mais cette dernière est avec son fiancé qui est en permission. Et pourtant, le hasard favorise ce début d’histoire d’amour. Ils se croisent alors que tout deux avaient une journée chargée (lui ses cours et elle ses préparatifs de mariage) et décident de rester ensemble par ce beau temps. Plus tard Marthe l’invite chez elle. En tout bien tout honneur. Allongés près de la cheminée, ces rencontres se reproduisent inlassablement jusqu’à ce que l’amitié se transforme en amour. Rappelez-le vous bien, un auteur a écrit que la différence entre l’amour et l’amitié, n’est que d’un seul baiser. Et ils s’aiment. Rien à voir avec ce que la différence d’âge aurait pu supposer (le libertinage, la libertine mûre corrompt le jeune homme insouciant). Ils s’aiment d’un amour fou, déraisonné, d’un amour dévorant, physique, psychologique, ils ne sont qu’un. Cependant, je trouve leur relation étrange, Marthe parait vulnérable, soumise. Elle cède à tous les caprices de celui qui n’est encore qu’un gamin. Peu après, elle tombe enceinte. Et le fiancé, avec lequel elle s’est désormais mariée pense que l’enfant est de lui. Absorbé par la guerre, il n’est jamais près de sa femme, qu’il aime passionnément et qu’elle hait pour l’avoir épousée et non laissée à son amant. La santé de Marthe se fragilise après une errance dans le froid que son amant lui avait imposé, elle est contrainte de retourner chez ses parents. Ils ne se reverront plus. Elle met au monde un bébé qu’elle baptise du nom du jeune homme qu’elle aimera toute sa vie. Un soir, en rentrant de l’école, les frères du narrateur lui annonce la mort de Marthe. Ce dernier est brisé, il ne s’en remet pas et beaucoup ne comprennent pas, après tout, qui savait qu’il avait une telle relation, à son âge, avec une femme mariée ? La guerre est finie, Jacques, l’époux de Marthe passe chez le père du narrateur afin de voir des dessins que Marthe avait fait lorsqu’elle se trouvait de passage ici. Notre héros ne se manifeste pas, il comprend que son enfant aura une vie correcte avec cet homme qui se croit être son père. Le livre s’achève en ces mots : « En voyant ce veuf si digne et dominant son désespoir, je compris que l’ordre, à la longue, se met de lui-même autour des choses »… Et c’est admirablement bien écrit.

Mais je ne veux terminer sur cette triste note, cet amour ne pouvait se solder que par la mort, c’est écrit tôt dans le roman. La déraison ne rime pas éternellement avec le bonheur. Alors, pour une fin plus gaie, je vous propose quelques illustrations, de la main de l’auteur, de cet amour dévorant. Appréciez mais ne succombez pas trop vite.

« Ses deux mains s’accrochaient à mon cou ; elles ne se seraient pas accrochées plus furieusement dans un naufrage. Et je ne comprenais pas si elle voulait que je la sauve, ou bien que je me noie avec elle… »

« Je flambais, je me hâtais, comme les gens qui doivent mourir jeunes et qui mettent les bouchées doubles. »

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Commentaires
S
Rectification de deux fautes de frappe:<br /> <br /> - mentionner<br /> - amoureuse<br /> <br /> Sorry !
S
Merci Mélanie de me rappeler tous ces classiques qui ont jalonné mon adolescence (surtout scolaire). Il n'est pas inutile de mentionNner également le film qui réunissait deux grands acteurs du cinéma français: le regretté Gérard Philippe et Micheline Presles, qui au cours du tournage tomba amoureux de son partenaire à l'écran mais cet amour ne fut pas partagé (pour la petite histoire).<br /> Serge.
M
Bonjour,<br /> Je vous invite à référencer votre blog sur mon annuaire :<br /> http://www.marinamode.com/annuaire/blog-508.html
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