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8 février 2007

Molière

Yyaahh, semaine pratiquement achevée et surtout bac blanc terminé ! Que de 18702768soulagement, l’esprit est enfin libre, reprenons les bonnes vieilles habitudes : l’entretien du sieur blog…

Quoi de remarquable ? Oh bien des choses, mais consacrons ce billet à… Molière !

Vous ai-je déjà parlé de Molière ? Oh bien peu, je suis impardonnable. Alors je me rattrape. Molière est l’homme qui m’a permis d’idolâtrer comme il le faut la littérature. Et je l’en remercie. La première œuvre que j’ai lue ? Le malade imaginaire je crois, mais je ne suis plus très sûre. Puis un jour, sur l’un des rayons de la bibliothèque (qui, à l’époque, étaient encore poussiéreux), j’ai trouvé ce qui a réellement tout changé. Sa biographie. Je ne me souviens plus du titre, je devais être en 4ème, mais ce que je n’oublierai pas, ce sont les larmes que j’ai versé à la dernière ligne qui annonçait le mort du plus célèbre auteur français. Je m’y étais attachée ! Et tant ! Accepter sa mort était horrible, encore ce cruel retour à la réalité. Alors, j’ai recherché ce qu’il avait écrit et ainsi il a continué à vivre, dans mon esprit, et dans ma bibliothèque. Bien à vous très cher.

Mais je m’égare, ceci n’est qu’une phase introductive un peu longue. Si j’écris ici sur Molière, c’est que j’ai été voir le film sorti le 31 janvier bien sûr. Molière interprété par Romain Duris…Et bien j’admire un auteur qui prend le risque de devenir Molière sans dénaturé ce dernier. Monsieur, votre jeu était excellent et vous m’avez prise dès votre première apparition et en fin de film, je partageais vos larmes. Quand à Elmire, magnifique femme, quelle carrure ! « La grâce et la beauté dans un même corps », n’est-ce pas Dorante… Monsieur Jourdain ? Léger, léger, du début… au milieu ! Quel dénouement, quelle classe, les prises de conscience et de responsabilité étaient éblouissantes. Vous n’étiez plus ce Jourdain qui fait rire, ce « bouffon » comme nous dirions de nos jours. Dorante ? Et il parade et il parade, bonjour monsieur le paon, la quête fut bonne ? J’oublie peut-être quelqu’un ? Ah, Célimène bien sûr. Ma foi, déplaisante, je soutenais monsieur Jourdain dans sa tirade, veuillez me croire.

L’histoire maintenant… Non, pour ceux qui ne l’ont point vu (et dont je ne doute pas qu’ils vont y voler d’ici peu), je ne révèlerai pas ici l’intégralité du film. On se contentera du résumé, très bref, donné sur internet : « En 1644, Molière n'a encore que vingt-deux ans. Criblé de dettes et poursuivi par les huissiers, il s'entête à monter sur scène des tragédies dans lesquelles il est indéniablement mauvais. Et puis un jour, après avoir été emprisonné par des créanciers impatients, il disparaît... ». Bien sûr que c’est prometteur ! Remarquons notamment que c’est une supposition fort originale qui tendrait à expliquer comment Molière est devenu notre Molière. Et c’est en cela que c’est merveilleux. Molière est homme, il souffre comme tout autre, il n’est pas celui qui écrit car cela fait « bonne gens », il écrit parce que c’est ainsi qu’il peut vivre… ou survivre. L’expression « il a ça dans la peau » prend ici tout son sens. Molière est ce dramaturge déchu, qui aspirait à écrire des tragédies et les jouer. Pauvre de lui (on pourra se référer au film du même nom d’Ariane Mnouchkine pour plus de renseignements sur cela.). Il s’est probablement longuement reproché de provoquer le rire par ses mots et ses attitudes. Et peut-être y avait-il de quoi… Lorsque l’on ne part de rien, que l’on est qu’ « un atome ignoré dans les déserts » et que la pratique de sa passion n’offre pas de quoi vivre, il n’y a sûrement pas de quoi rire. Pauvre Molière. Je citerai ici un passage du film. Dans une taverne, Molière, ivre d’avoir tenté de noyer son échec, s’écrie à qui veut bien l’entendre qu’il sera l’auteur le plus célèbre « On ne dira plus ‘parlez moi la langue française’, mais ‘parlez moi la langue de Molière’ ». Et il s’écroule. C’est à cet instant que j’ai eu réellement ma première émotion du film. Peut-être que l’écrivant, cela ne donne rien mais je puis vous dire que l’on eut rarement fut mieux. Un grand bravo ! Je résiste difficilement à ne pas révéler le croustillant du film. Alors, pour me contenter un minimum, je vous donnerai juste quelques merveilleuses répliques de Molière, issues de ses chefs d’œuvres. Admirez, riez, pleurez et remémorez-vous.

« Couvrez ce sein que je ne saurais voir »

« Le petit chat est mort. »


-Moi, je vous l'ai donné pour vous plaire, Madame.
- Et moi, je le suivrai pour vous faire plaisir.

-Monsieur ?

- Madame ?

- Monsieur ?

- Madame ?

- Votre nom monsieur.

-… Tartuffe ! Monsieur Tartuffe, pour vous servir.

18702788

MONSIEUR JOURDAIN : Je voudrais donc lui mettre dans un billet: Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d'amour; mais je voudrais que cela fût mis d'une manière galante, que cela fût tourné gentiment.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Mettre que les feux de ses yeux réduisent votre coeur en cendres; que vous souffrez nuit et jour pour elle les violences d'un...

MONSIEUR JOURDAIN: Non, non, non, je ne veux point tout cela; je ne veux que ce que je vous ai dit: Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d'amour.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Il faut bien étendre un peu la chose.

MONSIEUR JOURDAIN: Non, vous dis-je, je ne veux que ces seules paroles-là dans le billet; mais tournées à la mode; bien arrangées comme il faut. Je vous prie de me dire un peu, pour voir, les diverses manières dont on les peut mettre.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: On les peut mettre premièrement comme vous avez dit: Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d'amour. Ou bien: D'amour mourir me font, belle Marquise, vos beaux yeux. Ou bien: Vos yeux beaux d'amour me font, belle Marquise, mourir. Ou bien: Mourir vos beaux yeux, belle Marquise, d'amour me font. Ou bien: Me font vos yeux beaux mourir, belle Marquise, d'amour.

MONSIEUR JOURDAIN: Mais de toutes ces façons-là, laquelle est la meilleure?

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Celle que vous avez dite: Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d'amour.

MONSIEUR JOURDAIN: Cependant je n'ai point étudié, et j'ai fait cela tout du premier coup! Je vous remercie de tout mon cœur, et vous prie de venir demain de bonne heure.

Et la tirade dont hélas je ne me souviens plus qui commence par cette phrase de Molière « Franchement, il est bon à mettre au cabinet. ». La réplique de monsieur Jourdain est alors d’une finesse… Un fort moment ! Bien évidemment, Molière le lui rendra bien, les séances d’entrainement sont de pures scènes ontologiques !

Bref, admirable ! Oh, je dois hélas dire quelque chose que j’ai sur le cœur. Présenté ainsi, Molière n’est-il pas réduit à n’être que le conteur de sa propre vie ? Personnages rencontrés, personnages couchés sur papier ? Il faudrait reconnaître qu’il en aurait eu de ses rencontres grotesques ! Allons, je suis de mauvaise foi. Merveilleux film, brisons-là.

18654559

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Commentaires
B
j'ai beaucoup aimé ce film :-p
J
bravo pour l'étendue de votre compte-rendu (sur mon blog, mes impressions sur ce film sont quelque peu critiques mais pas aussi détaillées...)
S
« Couvrez ce sein que je ne saurais voir »<br /> <br /> En ce qui me concerne, je dirais plutôt: <br /> " Montrez-moi ce sein qui est beau à voir " !<br /> <br /> Celles et ceux qui iront faire un tour sur mon blog, comprendront.
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